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25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 14:23

 

La préparation d’une élection passe inévitablement par la constitution des listes de candidatures, véritable reflet à la fois du réseau qui entoure le candidat, mais aussi de l’image qu’il entend donner de sa candidature.

Dans ce paysage hautement chargé en symboles, l’élargissement de la liste à des candidats issus de la « diversité » constitue un véritable tour de force susceptible de marquer les esprits et de permettre de draguer en profondeur les électeurs susceptibles de s’identifier. Dans les élections UBUniversitaires, les listes ressemblent à un assemblage délicate devant associer évidemment des femmes et des hommes (c’est la loi), mais aussi des représentants des différentes disciplines et des différentes unités de recherche, en composant avec ceux qui veulent y être sans y être éligibles, ceux qui ne veulent y être que s’ils sont éligibles, ceux qui ne veulent pas y être mais qui veulent qu’on leur demande, ceux à qui on ne demande rien mais qui veulent y être, et qui le font savoir.

Le choix des perles rares dépend ensuite de la capacité de rassemblement des « élus » (au sens messianique évidemment, pas – encore – électoral) (et de leur capacité à sortir la canne à pêche) et du pouvoir de nuisance des autres (et de leur capacité à savonner la planche de la liste qui n’en a pas voulu).

A l’heure des choix, certains feignent alors d’oublié leurs engagements passés, les ennemis d’hier deviennent les partenaires de demain, les opinions se révisent et les refus de ravisent, les « jamais » deviennent des « peut-être », les valeurs d’hier s’incarnent dans les candidats du moments, et les promesses de lendemains qui chantent suffiront sans doute à convaincre celles ou ceux qui auront choisi leur camps, dans l’espoir que la théorie du ruissellement se vérifie également à l’UBUniversité, à tout le moins que leur (grande) personne, injustement méconnue, ne bénéficie rapidement d’une reconnaissance méritée, et d’un juste retour d’ascenseur ! UBU règne alors en maître et peut distribuer les promesses comme d’autres multipliaient les pains !

 

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25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 13:59

UBUniversité et réseaux sociaux : méfiez-vous des faux profils !

 

Nous avons déjà eu l’occasion, à de nombreuses reprises, de louer les talents des habitants de l’UBUniversité pour déjouer les pièges du recrutement par concours et de leur épouvantable caractère aléatoire.

Une première stratégie, un peu fruste au demeurant, consiste à composer les jurys de manière adéquate, en choisissant des colistiers, des camarades, des coreligionnaires, des con-disciples, des demi-frères ou demi-sœurs, bref, les habitants de son village, en faisant en sorte que ces collègues de qualité recrutent le « bon » candidat sans se laisser aller à des extravagances. La manœuvre est risquée, surtout si les gendarmes veillent !

Une seconde, beaucoup plus subtile et à laquelle nous souhaiterions rendre ici un sincère et vibrant hommage, consiste à mettre en adéquation le candidat que l’on souhaite voir recruté, et le profil d’un poste à pourvoir. Dans cette hypothèse, le combat doit se mener non plus en aval, au risque de perdre la main sur le jury, mais en amont au moment du profilage du poste.

Pour y parvenir, plusieurs astuces doivent être mises en œuvre simultanément.

La première consiste à bien identifier le niveau où se prennent les décisions. Plus on est proche de ce niveau, plus grandes sont les chances d’y parvenir, soit directement, soit par l’entremise d’un excellent collègue qui saura relayer la bonne parole, surtout si cet excellent collègue appartient au même village que vous. Il apportera alors tout son crédit pour appuyer votre demande, tout en soulignant qu’il ne le fait que pour des raisons purement scientifiques puisqu’il n’a aucun intérêt personnel dans l’affaire. Ce qui va sans dire va toujours mieux en le disant.

La seconde consiste à créer le besoin, en poussant longtemps à l’avance, des cris d’orfraie et en soupirant pour faire savoir à quel point il est urgent de recruter un collègue de sa discipline « sinon on n’y arrivera pas ». Bien entendu, la subtile manœuvre suppose qu’aucun dispositif précis destiné à rationnaliser l’analyse des besoins n’ait été mis en œuvre. Au bout de quelques mois, et à force de clamer haut et fort que le besoin existe, il finit par exister, puis par se transformer en profil, surtout si la demande est portée par un ou plusieurs collègues proches des « patrons » de l’UBUniversité (plus exactement de ses composantes). Une fois le profil acté, il suffira de constituer un jury de spécialistes (et donc, sur des spécialités étroites, d’amis ou de collègues en manque de réciprocité) et le tour est joué !

Reste ensuite à passer la dernière épreuve de la répartition des services, car évidemment si le besoin est fictif l’intéressé.e qui aura été ainsi recruté.e n’aura évidemment pas de quoi constituer son service uniquement (ni même principalement) avec les matières pour lesquelles il/elle a pourtant été recruté.e ! Il se peut même qu’après le « premier tour » restent des heures dans la spécialité concernée, dont l’intéressé.e n’aura pas voulu ! Ce jour là, la prudence élémentaire veut que le/la promotteur.e de ce fin stratagème n’assiste pas à la répartition des cours, car les autres spécialistes, qui avaient des besoins mais qui n’ont pas obtenu de collègue dans leur discipline, risque de manquer de sens de l’humour !

Mais que tout le monde se rassure, tout sera bien vite oublié et les mêmes, ou d’autres, pourront recommencer les années suivantes !

 

Morale de l’histoire : sur les réseaux sociaux comme à l’UBUniversité, méfiez-vous des faux profils !

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7 juin 2018 4 07 /06 /juin /2018 08:35

UB.U Doyen - l’art de la guerre*

 

(*ceci est une œuvre de pure fiction, toute ressemblance avec etc. ne serait que purement fortuite, je le jure !)

 

La fréquentation des collègues les plus inspirés (sur un plan littéraire, s’entend) livre de délicieux enseignements sur l’art de la conquête du pouvoir. Nul doute que si Sun Tzu avait été des nôtres il aurait certainement été élu triomphalement à la tête de notre noble et vénérable institution.

Comme le meilleur moyen de remporter une guerre et d’éviter soigneusement toute bataille, le premier temps de la conquête du pouvoir consiste toujours à étouffer toute velléité démocratique de contestation. Sans aller jusqu’à recourir à des méthodes poutiniennes d’élimination physique des opposants, de solides arguments peuvent être employés pour contraindre les plus imprudents à la réflexion.

Voici quelques éléments méthodologiques, et de savants éléments de langage, qui permettront de calmer les ardeurs des futurs candidats aux élections, l’idéal étant bien entendu de les utiliser tous, dans un ordre ou dans un autre.

 

Je suis partout. Même si cela est faux (surtout d’ailleurs si cela est faux) il est particulièrement important de dénier à son adversaire sa capacité à savoir dissimuler sa volonté de briguer les suffrages. Vous pensiez me « surprendre », et bien pas du tout ! Non seulement il faut nier l’effet de surprise, mais il faut enfoncer immédiatement le clou en prétendant le savoir « depuis plusieurs semaines », i. e. depuis le départ. L’affirmation fait alors planer un soupçon de pouvoirs surnaturels, ou plus prosaïquement, de traitrise dans l’entourage proche.

 

Eloge des principes. Comme le coupable qui commence sa phrase par un vibrant « je vous le jure », UB.U commencera par clamer son amour de la démocratie et de ses rites (les élections, vertueuses par principe puisque lui-même en est issu), et louera les valeurs de la liberté. Mais en bon connaisseur des fondements constitutionnels du principe de responsabilité, il rappellera à l’intéressé.e que la responsabilité est le corollaire de la liberté, que tout acte à des « conséquences » et que chacun doit « assumer » les suites de ses « choix et de ses actions ». Avec un peu d’habilité sémantique, il sera même possible de suggérer, par une fine formule, que pour être véritablement libre de ses choix il convient d’être en mesure d’en assumer pleinement les conséquences, ce qui n’est pas nécessairement le cas lorsqu’on risque de se retrouver avec un couteau planté dans le dos dès la tombée de la nuit !

 

Imprudence. Une fois achevés ces rapides préliminaires, les choses sérieuses peuvent commencer, avec les mises en garde liées à l’expérience (dont l’intéressé.e manque cruellement, en tant que « novice »), sur un ton bonhomme, sur les risques liés à toute campagne électorale, sur l’ « énergie » qu’on y laisse, sur les coups qu’on peut prendre et les « cicatrices » qu’on peut en conserver, sur les « sourires qui se figent ». La description de ce climat anxiogène (ce qui occulte évidemment les synergies qui peuvent apparaître, l’élaboration d’un programme et de projets pour l’institution, la constitution d’une équipe et d’une dynamique de groupe, les rencontres avec des collègues méconnus) débouche alors immédiatement sur les premières menaces, bien entendu toujours à mots couverts et dans l’intérêt bien compris de l’intéressé.e : la campagne peut faire cesser les « collaborations » anciennes, et, si la victoire n’est pas au rendez-vous, elles peuvent même conduire à l’isolement, voire à des « humiliations » !

Le risque est alors que cette candidature sur une « autre liste » ne déstabilise l’institution, ne constitue un véritable « séisme » et ne fasse éclater la belle unité actuelle qui se fait derrière la personnalité éclairante du grand leader charismatique. Elle risque de placer les « amis communs » devant un vrai conflit de légitimité, comme dans un divorce, placés dans un « abîme de perplexité ».

 

 

Trahison. La stratégie du « ou avec moi, ou contre moi » est assez classique ici pour qui ne peut imaginer ne pas être nécessairement au centre de l’échiquier. Confondant « diversité » et « hostilité », une candidature sur une autre liste est nécessairement traitée comme une déclaration de guerre personnelle, une attaque dirigée contre la personne d’UB.U, pire, une « critique » !

La trahison institutionnelle était déjà grave, mais voici le pire : la trahison personnelle, la « déloyauté » de la démarche qui consiste à fomenter la constitution d’une liste sans en avoir reçu l’autorisation, la « déception » éprouvée, l’ingratitude alors qu’UB.U avait toujours « soutenu » l’intéressé.e, lui rappelant au passage qu’ayant siégé dans la plupart des jurys l’ayant recruté, il/elle lui doit tout. Et qu’il pourrait éventuellement lui en coûter dans l’avenir, évidemment !

 

 

Menaces. C’est l’heure du coup de grâce. L’intéressé.e étant désormais à bonne température, il est temps de passer aux choses sérieuses. Il n’est pas inutile ici de rappeler à l’imprudent.e que sa carrière n’est que « naissante » (pour emprunter un élément de langage du même auteur, employé quelques années plus tôt pour tenter de s’opposer à la désignation d’un.e autre collègue à la tête d’un autre centre de recherche), de sous-entendre évidemment qu’elle pourrait donc subir rapidement un malencontreux ralentissement.

 

 

Promesses. A l’instar du pompier pyromane ou du conducteur de baudet alternant le bâton et la carotte, l’usage des menaces, voilée ou non, n’est véritablement efficace que s’il s’accompagne de promesses de jours meilleurs, ou des petits avantages que l’institution (et son incarnation luminescente) sait réserver à ses bons éléments, notamment des « missions » dans des pays accueillants, et à des périodes favorables, qui pourraient être octroyées.

 

 

Magnanimité. Il est ici important que le dernier « considérant » du jugement soit formulé sous forme interrogative, pour laisser au destinataire le temps de la « réflexion » qu’on peut d’ailleurs lui souhaiter « bonne », maintenant qu’il/elle est pleinement informé.e des tenants et des aboutissants de sa candidature.

Il est alors temps, comme dans toutes les bonnes procédures de conciliation, de proposer de poursuivre le « dialogue » en contactant un tiers qui, appartenant par ailleurs à la même caste que l’impertinent (même sexe, même statut, même génération) saura sans doute lui faire entendre raison.

 

A bientôt pour la suite de notre roman électoral !

 

 

 

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 15:13

Après quelques mois de monotonie démocratique liée à une pratique monarchique de la démocratie universitaire, certains d'entre-nous ont la chance d'entrer en phase électorale, ce qui ravive immédiatement les couleurs d'origine de certains collègues ... Avec les premières chaleurs reviennent les vieilles pratiques, les réflexes d'antan, les supériorités statutaires, le paternalisme académique et la misogynie jamais très loin dans nos bonnes sociétés tribales ... Les prochaines semaines s'annoncent délicieuses ! Nous publierons évidemment les meilleurs "billets" adressés par nos fidèles "lecteurs" ! Le premier ne devrait pas tarder et, comme le disent nos enfants (les plus jeunes évidemment), "c'est du lourd" ! Mais attendons encore quelques jours que le fruit soit bien mûre !

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15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 11:36

 

En pleine « affaire Fillon » voilà que ressurgit une autre « affaire », celle mettant en cause Ferdinand Mélin-Soucramanien accusé de « cumuler » de manière « indue » ses fonctions de professeur à l’Université de Bordeaux et de déontologue de l’Assemblée nationale depuis 2014.

Outre la disproportion entre les sommes en jeu dans les affaires mettant en cause l’intéressé, au regard des chiffres avancés dans les affaires mettant en cause François Fillon, Marine Le Pen ou désormais Emmanuel Macron, nous voudrions ici dénoncer non seulement l’acharnement de certains mais surtout la légèreté des analyses pour des accusations d’importance inégale (on ne parle pas ici d’emploi fictif, de détournement de fonds publics, ni même de népotisme).

Qu’on nous pardonne donc de réagir de manière rationnelle et objective face à ce déploiement médiatique, mais comment faire autrement face à des accusations de cette nature ?

Alors revenons à l’aspect juridique de l’affaire, mais aussi, mais les deux sont liés, à son aspect « déontologique ».

De quelle « affaire » parle-t-on ?

Du point de vue du Parlement, il n’y a pas d’affaire, pas de détournement, pas d’abus.

L’intéressé y exerce sa mission de « déontologue » et perçoit des frais de mission dont la nature juridique exacte ne semble pas très claire. A qui la faute ? A l’Assemblée nationale qui les verse et n’a pas été capable d’en déterminer précisément la nature. S’agit-il d’un salaire ou d’indemnités compensant les frais exposés pour l’accomplissement de ses missions (aller-retour Bordeaux Paris, logement, repas, déplacements à l’étranger pour y rencontrer les déontologues des autres Pays, etc.) ? Tous ceux qui connaissent le droit du travail savent que la distinction entre frais et rémunérations est souvent délicate à opérer et nombreuses sont les entreprises à se faire épingler par l’URSSAF dans ces hypothèses. Et personne ne crie au scandale, y compris lorsque les entreprises bénéficient d’aides publiques. Il s’agit ici d’un flou général qui n’est évidemment imputable plus particulièrement ni à l’Assemblée nationale, ni à Ferdinand Mélin-Soucramanien.

Et même s’il s’agit d’une rémunération, où est le problème ? Qui sait combien d’heures l’intéressé a passé pour exécuter cette mission ? Combien de soirées, de nuits, de week-ends passés en déplacement, en rendez-vous, au-delà de ses obligations de services à l’Université, pour lesquelles il est, comme tous les fonctionnaires depuis 2000, payé pour 35 heures de travail hebdomadaires. Mais qui s’en soucie puisque visiblement personne ne s’est posé la question !

Du point de vue de l’Université maintenant, où est le problème ?

Certes, les dispositions relatives au statut des enseignants-chercheurs prévoient (décret n°84-431, art. 8) que ces derniers relèvent du régime général des cumuls d’activités (à l’époque des faits le décret n° 2007-658, désormais le décret n° 2017-105). Le décret n° 2007-658 prévoit bien le principe d’une autorisation délivrée par le chef d’établissement pour les cumuls (art. 4) sauf pour « l'exercice d'une activité bénévole au profit de personnes publiques ou privées sans but lucratif (qui) est libre ».

Alors, de deux choses l’une : ou les sommes litigieuses sont des « frais » et Ferdinand-Mélin Soucramanien n’avait réglementairement aucune autorisation de cumul à demander, ou il s’agissait d’une « rémunération » et il devait demander l’autorisation au chef d’établissement.

Or, aucun enseignant-chercheur ne demande (presque) jamais la moindre autorisation de cumul y compris pour des activités privés lucratives, qu’il s’agisse d’exercer la profession d’avocat, pour faire des formations ou des consultations.

Par ailleurs, Ferdinand Mélin-Soucramanien avait bien informé le Président de l’Université de sa situation (lequel avait d’ailleurs été destinataire de courriers adressés directement par le Président de l’Assemblée nationale), ne serait-ce que parce qu’il avait demandé une décharge de service pour se libérer du temps pour exercer ses missions ! Et le Président de l’Université, en la lui accordant, l’avait bien autorisé à l’exercer.

Alors on pourra discuter de la non-prise en charge financière de cette décharge par l’Assemblée nationale et de la conformité de celle-ci à la politique et aux procédures en vigueur au sein de l’université de Bordeaux, même si, sur le fond, chacun s’accordera à dire que l’intérêt de l’Université de Bordeaux était bien que le déontologue de l’assemblée nationale soit issu de ses rangs ! Et même s’il a cumulé une décharge de service (la moitié de ses cours, et donc le quart de ses obligations de service) et les sommes versées par l’Assemblée, l’affaire est-elle véritablement scandaleuse compte tenu du travail fourni ? Que dire alors des enseignants-chercheurs qui cumulent leur traitement et les revenus d’une activité libérale complémentaire, des frais d’expertise d’institutions nationales ou internationales, voire de laboratoires privées ou de groupes financiers ?

Le « deal » passé par l’Etat avec ses enseignants-chercheurs doit être expliqué au grand public : l’Etat rémunère ses fonctionnaires les plus qualifiés (doctorat + concours) moins que la plupart de ses autres Hauts fonctionnaires, alors que leur niveau de qualification est nettement supérieur, et leur laisse en contrepartie améliorer leur traitement par une pratique assez généreuse du cumul des activités : bref, c’est bien souvent ainsi le secteur privé qui cofinance l’enseignement supérieur !

S’il s’agit de dénoncer les « privilèges », alors mettons tout sur la table et comparons. Comparons les avantages des fonctionnaires de l’Etat et ceux de la fonction publique territoriale, ou les avantages servis dans les collectivités territoriales ou certains établissements publics. Comparons le traitement des enseignants-chercheurs et les salaires, et les avantages, que le secteur privé accorde à certaines professions, bénéficiaires de régimes dérogatoires et fortement lucratifs, ainsi que de niches fiscales particulièrement avantageuses : mais il est vrai qu’il est toujours plus facile de jouer les vertueux quand on parle des autres professions que de s’en prendre, par exemple, à la sienne, quand on est, par exemple, journaliste, alors pourtant que son secteur d’activité bénéficie aussi très largement de l’argent public (400 millions d'euros d'aides versés à la presse écrite en 2014).

Alors dans cette période de dénonciation tous azimuts, arrêtons de tout mélanger, au risque de détourner l’attention du public des véritables profiteurs de la République.

 

 

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 15:16

L'hebdomadaire Liaisons sociales magazine publie aujourd'hui un article consacré aux professeurs de droit social, et à leurs liens avec le secteur privé ... Voilà qui sent le souffre !

 

 

 

La double vie des profs de droit social

La double vie des profs de droit social

Paru dans Liaisons Sociales Magazine, N° 135 du 03/10/2012

Rubrique : Politique sociale

 

Auteur(s) : Stéphane Béchaux

 

 

À l’image de leurs collègues de médecine, les mandarins du droit social ne se cantonnent pas à leurs activités d’enseignement. Ils pratiquent aussi, en qualité de consultants, voire d’avocats. Des cumuls qui peuvent donner lieu à dérives.

Vu la sensibilité du sujet, vous comprendrez que je tiens à recevoir les citations à l’avance, pour relecture. » À l’image de Pascal Lokiec, qui enseigne à la fac de Nanterre, les professeurs de droit affichent une certaine fébrilité à l’idée d’évoquer leurs activités complémentaires. Dans le landerneau, le cumul entre activités professorales et libérales n’a pourtant rien de secret. Ni de nouveau. « C’est une tradition. Jusqu’au XIXe siècle, les professeurs de droit étaient tous des praticiens. Le décrochage a eu lieu après, mais le lien naturel entre théorie et pratique a toujours subsisté », explique Paul-Henri Antonmattei, doyen honoraire de la faculté de droit de Montpellier. Aujourd’hui encore, la plupart des professeurs de droit – et pas seulement dans le domaine social – monnaient leur expertise dans le privé. Parfois depuis longtemps. Parmi les plus actifs, Gérard Couturier (Paris I), Pierre Rodière (Paris I) et Patrick Morvan (Paris II) ont respectivement enregistré leur activité libérale en 1989, 1994 et 1999. Mais d’autres les ont précédés ou suivis, tels Jacques Ghestin (Paris I) en 1973, Antoine Lyon-Caen (Nanterre) en 1987, Christophe Radé (Bordeaux IV) en 2000 et Jean-François Cesaro (Paris II) en 2002.

Conseillers de l’ombre. Des experts de haut vol très prisés des entreprises. « On fait appel à leurs services quand on cherche à faire un état des lieux objectif et non complaisant sur un point de doctrine, une question de droit. Les profs prennent du recul, pas les avocats », justifie la directrice juridique d’une multinationale française. Une façon pour les services RH des grands groupes de border juridiquement leurs projets ou d’en évaluer les risques. « À une époque, j’ai été un consultant quasi permanent pour Renault et Elf Aquitaine. Et, dernièrement, j’ai donné plusieurs consultations sur la jurisprudence Viveo », détaille Gérard Couturier.

Conseillers de l’ombre des DRH et des directeurs juridiques, les mandarins du social interviennent aussi pour les avocats sur des sujets complexes ou à forts enjeux. Ceux-ci les mettent à contribution pour appuyer une argumentation juridique et impressionner favorablement le juge, en versant la contribution écrite au dossier du client. « Certains avocats s’en servent pour tenter d’emporter le morceau. Mais c’est une arme à manier avec précaution car cela peut aussi énerver les magistrats », explique l’ex-avocat Gilles Bélier. Plusieurs contentieux récents ont ainsi fait phosphorer des professeurs de droit : le PSE de Viveo, le calcul du smic horaire chez Carrefour et Auchan, le statut des participants au jeu télévisé « L’Ile de la tentation » ou les droits d’auteur de Johnny Hallyday.

Des interventions que les universitaires justifient d’abord par la nécessité de se frotter au terrain. « On ne peut acquérir la maîtrise du droit uniquement dans les livres. Il faut aller au contact du terrain. Les professeurs de médecine s’occupent du corps humain, nous, du corps social », résume Bernard Teyssié, directeur du laboratoire de droit social de Paris II. « Le droit ne s’enseigne que parce qu’il se pratique. En injectant des exemples concrets tirés de l’expérience, on rend les cours beaucoup plus vivants. Et on crée des liens avec les entreprises et les avocats qui facilitent l’insertion professionnelle des étudiants », complète Patrick Morvan.

Mais, à raison de 5 000 à 10 000 euros la consultation, les pontes du droit n’enrichissent pas seulement le contenu de leurs cours. Ils ont vite fait, aussi, de doubler leur salaire qui, hors primes et indemnités, s’étage de 3 046 à 6 111 euros brut selon le grade et l’échelon. Une paille, comparée aux émoluments de leurs ex-camarades de fac ou de leurs anciens étudiants, devenus associés dans des cabinets d’avocat. « Il y a trente ans, le décalage de rémunération entre le public et le privé était faible. Aujourd’hui, c’est le jour et la nuit », confirme Jean-Emmanuel Ray, professeur à Paris I, qui refuse pour sa part toute sollicitation, sinon des colloques et des formations rémunérés.

Ce marché pointu, artisanal, fonctionne au bouche-à-oreille et à la réputation. Un business discret révélé au grand jour lors de la création, en novembre 2011, de Corpus Consultants, présidé par Robert Badinter. Son objet social ? « La réalisation et la délivrance d’études ou de consultations dans tous les domaines du droit, par les associés de la société, tous professeurs de droit. » « On s’adresse aux professionnels du droit, pas aux particuliers. Nous répondons à des questions de pur droit, en nous interdisant tout conseil aux parties », précise Pascal Lokiec, qui a pris part à l’aventure. Les profs de droit ne sont d’ailleurs pas les seuls à draguer le client. Les maîtres de conférences, aussi, vendent leur savoir-faire. « Beaucoup sont limités dans leur progression de carrière. La diversification de leurs activités est une réponse à leurs difficultés de débouchés », constate Franck Petit, doyen de la fac de droit d’Avignon.

Si certains profs n’appartiennent à aucune école, la plupart entretiennent des relations étroites avec de gros cabinets d’avocat, dont beaucoup se sont dotés de conseils scientifiques. Ils y dispensent des formations internes, font de la veille, commentent la doctrine. Jean-François Cesaro et Françoise Favennec-Héry font ainsi figure de grands sages chez Capstan ; Christophe Radé chez Fromont Briens ; Gérard Vachet et Pierre-Yves Verkindt chez Barthélémy ; Patrick Morvan chez Freshfields Bruckhaus Deringer. D’autres interviennent plus directement dans les affaires mêmes des structures. Rattaché à l’université Paris I, Grégoire Loiseau est ainsi associé chez Dupiré. Professeur émérite à Nanterre, Philippe Langlois fait figure de pilier chez Flichy Grangé sur les questions de protection quand son collègue Antoine Lyon-Caen bénéficie d’un titre de « juriste consultant permanent » chez Lyon-Caen & Thiriez, le cabinet de feu Arnaud Lyon-Caen, dont il va devenir associé. Quant à Gérard Couturier, il met son expertise au service de Bredin Prat, après avoir fait les beaux jours de Gide Loyrette Nouel.

Ces activités lucratives créent un autre malaise : à trop vendre leur expertise, les profs fragilisent leur stature de “sachants” neutres, porteurs d’une vision du droit vierge de tout conflit d’intérêts

Quelques universitaires vont même au bout de la logique, en prenant la robe. À l’image de Paul-Henri Antonmattei, inscrit au barreau de Paris depuis deux ans, associé chez Barthélémy. Ou de Bernard Gauriau, professeur à la fac d’Angers, qui a prêté serment en 2008 et officie chez IDAvocats. « Je mets un point d’honneur à assumer toutes mes obligations de prof, qu’il s’agisse de l’enseignement, de la gestion administrative ou de la recherche », assure l’intéressé. Une double casquette qui, sur le principe, ne plaît pourtant pas à tous. « La profession d’avocat absorbe, elle exige de faire du chiffre. Le risque, c’est de l’exercer au détriment de ses fonctions universitaires. Il faudrait mener une réflexion sur le sujet », plaide Franck Petit. « Ce type de cumul peut poser problème car les contraintes de l’avocat déperlent sur l’universitaire. L’une des solutions pourrait être de diviser leur rémunération par deux », avance Bernard Teyssié. En cause, la propension de certains profs à délaisser leurs étudiants (voir encadré). Dans le milieu, tout le monde connaît des universitaires – pas tous cumulards, d’ailleurs ! – qui bâclent leurs cours, n’encadrent aucune thèse, désertent leurs labos. Mais pas question de donner des noms…

Ces activités lucratives créent un autre malaise, portant sur l’impartialité des enseignants-chercheurs. À trop vendre leur expertise, ces derniers fragilisent leur stature de « sachants » neutres, porteurs d’une vision du droit vierge de tout conflit d’intérêts. « De trop nombreuses consultations peuvent créer un lien de dépendance et décrédibiliser leurs auteurs. Ceux-ci prennent le risque de passer pour les porte-serviettes de grands cabinets », prévient Jean-Emmanuel Ray. En la matière, à chacun sa déontologie. « On accepte ou non en fonction de l’éthique du client par rapport à la sienne. Mais il faut faire preuve de loyauté. Quand vous rédigez une consultation, vous faites abstraction de vos convictions », précise Pascal Lokiec. « Il peut m’arriver d’infléchir ma pensée, d’explorer une thèse contraire à ce que j’ai écrit précédemment. Dès lors que j’y mets mes tripes, que j’approfondis le raisonnement, j’ai ma conscience pour moi », explique Patrick Morvan.

Le mélange des genres rend malaisée la lecture des revues doctrinales. Les professeurs ne faisant qu’exceptionnellement état de leurs activités annexes, leurs écrits sont entachés d’un doute sur les causes qu’ils y défendent. Un manque de transparence déjà violemment dénoncé par l’avocat Tiennot Grumbach, en avril 1999, dans la revue Droit social. « Il devient très difficile de se repérer dans la production de la “doctrine” et de saisir si la production des articles est bien le résultat d’une pratique universitaire de recherche et d’une critique scientifique indépendante ou, en réalité, le fruit d’une commande pour une affaire en cours », écrivait-il alors.

Instrumentalisation. Treize ans plus tard, la confusion règne toujours. Excepté Patrick Morvan, aucun professeur n’avoue avoir déjà accepté de publier contre rémunération. Et pourtant… « Les articles de commande, ça existe. Mais quand vous manquez d’objectivité, tout le monde le voit, les pairs comme les juges », confie Jean-Jacques Dupeyroux, directeur de Droit social jusqu’en début d’année. « Oui, la revue peut être instrumentalisée, même si son comité de lecture y fait attention. En même temps, les débats ne peuvent être entièrement juridiques et abscons », note son successeur, Christophe Radé. En l’absence de tout encadrement déontologique, pas simple pour les magistrats de décrypter les positions des uns et des autres.

Même pour les plus aguerris, comme les conseillers de la chambre sociale de la Cour de cassation. « Une consultation produite dans une procédure n’est pas gênante, on sait qu’il s’agit d’une expertise commandée. Les publications, elles, peuvent poser problème car on ne sait pas toujours qui parle, du prof de droit ou du consultant », explique l’un d’eux. Un atout dans la manche des employeurs, plus à même de s’offrir les services onéreux d’un universitaire que les salariés. Mais qui peut, aussi, se retourner contre eux. « Si mon adversaire produit l’article d’un prof à l’appui de son argumentation, je n’hésite pas à brandir l’éventuelle consultation que le même prof a pu donner précédemment dans la même affaire. Ce qui me vaut quelques ennemis », s’amuse Hélène Masse-Dessen, avocate au Conseil d’État et à la Cour de cassation. Gare à l’effet boomerang !…

De 3 046 à 6 111 euros

C’est la fourchette des salaires bruts des professeurs de droit selon le grade et l’échelon.

Des cumuls non encadrés

Dans le milieu universitaire, les activités mercantiles des profs de droit font beaucoup jaser. Leurs collègues des autres champs disciplinaires sont d’autant plus jaloux de leurs rémunérations annexes qu’ils leur reprochent de s’investir davantage dans leurs « ménages » lucratifs que dans leur charge d’enseignement et de recherche. Une réputation caricaturale, mais pas toujours infondée. « Il y a une énorme hypocrisie sur le sujet car tous les profs de droit cumulent. Résultat, certains ne font plus leur service à l’université mais personne n’ose leur jeter la pierre. Cette absence d’encadrement des pratiques crée un brouillard qui ne permet plus de distinguer bons et mauvais comportements », regrette Christophe Radé, prof de droit à Bordeaux IV. « Certains s’investissent à fond, d’autres donnent uniquement des cours le samedi matin. Mais ouvrir le chaudron impliquerait de parler des rémunérations des profs de droit, ridicules comparées à celles des collègues étrangers. Si on interdit le cumul, on vide les facs des meilleurs éléments », complète Paul-Henri Antonmattei, président de la Conférence des doyens des facs de droit.

Depuis le printemps 2009, les activités des enseignants-chercheurs sont régies par un décret dit « Pécresse ». Celui-ci leur impose de consacrer la moitié de leurs 1 607 heures annuelles de travail à leurs services d’enseignement – dont 128 heures de cours –, l’autre moitié à des activités de recherche donnant lieu, tous les quatre ans, à évaluation. Sauf qu’en pratique la comptabilisation des heures s’avère très floue, et les sanctions inexistantes. Prévue en 2013 selon des modalités encore à définir, l’évaluation des travaux de recherche pourrait être repoussée. Cet été, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, a indiqué qu’elle entendait revenir sur le contenu du décret.

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 06:52

Les semaines précédentes ont montré tout l'intérêt que certains éminents collègues portaient aux clauses de non-concurrence conclues dans le cadre de contrats de travail. N'ayant pas la possibilité de leur expliquer de vive voix ce qu'il en est exactement, je me suis permis de leur écrire cette petite chronique, à toutes fins utiles ... Je m'excuse par avance pour la pauvreté de l'apport à la théorie générale de l'acte juridique, réservée, il est vrai, à une élite ...

 

Référence : « Le juge et la contrepartie financière à la clause de non-concurrence (Soc., 16 mai 2012, Sté TSAF) : Droit social 2012, p. 784

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 08:03

Les meilleures choses ayant une fin, je tenais à informer les fidèles lecteurs de ce blog du tombé de rideau de la pièce en trois actes qui s’est jouée ces derniers jours dans le théâtre des vanités (que Pascal me pardonne cet emprunt audacieux, mais au final pas autant qu’on pourrait le penser …) que constitue l’Université aujourd’hui. La menace était donc réelle et le facétieux blogueur ne pourra donc pas participer au colloque organisé par ses sympathiques collègues … Je remercie tous ceux qui m’ont témoigné leur amitié en ces moments difficiles, tous les messages de soutien reçus sur ce blog en ces moments particulièrement douloureux …

 

* PS : je souhaitais préciser, à toutes fins utiles, la définition de « Blockbuster », dont ce titre était bien entendu inspiré. Source : Wikipédia : « (littéralement « qui fait exploser le quartier ») était à l'origine un terme du jargon théâtral américain qui qualifiait une pièce remportant un succès important. Un blockbuster serait donc une pièce qui mènerait tous les autres théâtres du voisinage à la banqueroute. Le terme blockbuster a probablement été tiré du vocabulaire militaire : blockbuster étant le nom de la plus puissante bombe utilisée par l'armée anglaise et américaine durant la Seconde Guerre mondiale. Le terme blockbuster est réutilisé au cinéma pour qualifier les films à gros budgets et à gros revenus, ce sont des productions exceptionnelles sur le plan financier, matériel et humain ». On peut l’écrire aussi « Basterd », à l’américaine, ce qui fait aussi penser au film totalement déjanté de Tarantino « Inglorious basterds » … bref il s’agissait d’un double jeu de mots ...

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 07:15

L’université, singulièrement au moment de s’engager pleinement dans le troisième millénaire, n’en finit pas de se frotter aux valeurs de la démocratie. Après la découverte joyeuse et bon enfant du principe électif qui a animé les centres de recherche pendant un certain temps, certains universitaires découvrent aujourd’hui la liberté d’expression et les moyens contemporains de communication.

Un universitaire tenait ainsi une chronique douce-amère (qui est, faut-il le rappeler, une plante toxique, surtout par ses fruits) consacrée à la vie de la noble Institution dans laquelle il croquait les mœurs délectables de certains de ses collègues. L’entre d’entre eux échoua, sans doute un soir de griserie, sur l’une de ces chroniques et s’y reconnut. Son sang ne fit qu’un tour et, courageusement, il envoya un courrier, en son nom et au nom de tous les siens, pour s’émouvoir qu’on les croquât de la sorte.

Craignant que l’appel au sens moral ne suffise pas à calmer les ardeurs facétieuses de l’intrépide blogueur, il brandit, avec beaucoup de finesse, le risque (à moins qu’il ne se fut agi d’une menace ?) de le désinviter à un grand colloque international où on avait eu l’amabilité, et sans doute la faiblesse, de le convier … Fichtre !

Que croyez-vous que fit le facétieux blogueur ?

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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 08:30
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